Le carnaval d'Evolène s'exporte

Peluches, empaillés et "Marie" d'Evolène ont défilé au carnaval de Limoux dans le sud de la France. Avec un certain succès...

"Le carnaval de Limoux est l'un des plus connus dans le monde, comme celui de Venise ou de Rio de Janeiro." L'encyclopédie en ligne Wikipedia qui donne cette information parle du carnaval le plus long du monde puisqu'il a lieu de janvier à mars. Tous les week-ends, les bandes, habillées d'un costume traditionnel, animent les rues de Limoux.

Ce bourg du Languedoc-Roussillon surpasse ainsi la tradition d'un village valaisan situé à 700 kilomètres de là, Evolène, dont le carnaval débute le 6 janvier pour s'achever le mardi gras. Mais cette course à l'épuisement n'est pas la raison pour laquelle les Evolénards ont été conviés à défiler le week-end dernier à Limoux! L'invitation est venue grâce aux Célébrations interculturelles de la montagne à Evolène (CIME) et son groupe organisateur, l'ensemble folklorique Arc-en-Ciel, via l'association Festivals du Sud dont les CIME sont membres et preneurs d'ensembles de danse traditionnelle.

Carnavals du monde

Car depuis quatre ans, Limoux devient, l'espace d'un week-end, la capitale des Carnavals du monde. La place de la République a ainsi résonné aux accents brésilien, serbe, ch'ti, occitan, provençal et... patoisant. Sauf que la cité française a su faire du carnaval un langage universel, autour du masque, de la danse et de la musique. "Nous étions dans la thématique et nous nous sommes fait plaisir" , se réjouit le directeur artistique de l'Arc-en-Ciel et des CIME, Eric Vuignier. Il faut dire que les Evolénards ont mobilisé force carnavaliers pour exprimer leur tradition mise en scène. Pas moins de 17 peluches vêtues de peaux de bêtes, de masques et armées de cloches ont accompagné deux hommes empaillés dans le rituel de la tradition, sans oublier quatre "Marie", ces femmes d'un âge certain en proie à tous les maux et à toutes les jacasseries, et deux hommes-boîtes aux sonorités caractéristiques. Dans une tiédeur toute languedocienne, les empaillés enveloppés de leurs 40 kilos de tiges céréalières n'ont pas eu trop chaud malgré les douze heures de production... Ni les peluches qui ont semé la terreur jusque dans les ruelles les plus improbables de Limoux. Les Helvètes ont, paraît-il, connu un franc succès auprès des 300 carnavaliers et des quelque 10 000 spectateurs massés le long du cortège. "Ils ont été superbes" , commente Yves Haure, président de Festivals du Sud. A tel point que de nouvelles invitations pointent à l'horizon. Le metteur en scène des fêtes de Carcassonne du 14 juillet souhaiterait y voir évoluer les masques évolénards. "Les organisateurs estiment que notre spontanéité ferait merveille au coeur de la cité médiévale, loin des cortèges réglés au millimètre" , résume Eric Vuignier. Car une peluche, ça ne s'expose pas, ça prend possession des lieux... Tout un programme et une logistique. Ça tombe bien. Un membre du comité du carnaval évolénard, Arnaud Métrailler, a fait le déplacement à Limoux et en revient enchanté. "Le carnaval et les CIME sont les deux plus grandes manifestations de l'année. Pourquoi ne pas unir nos forces, ici comme à l'étranger?" Ou quand les messages de traditions emblématiques se rejoignent dans une même fièvre populaire.

Source : Le Nouvelliste / Pascal Fauchère