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La Dent Blanche comme en 1862


Quatre guides ont grimpé dans les mêmes conditions qu'en 1862.
La Dent-Blanche comme en 1862
Dent-Blanche 1862 - Photo : Sylvain Granges
Un parfum d'aventure d'une autre époque a soufflé sur le val d'Hérens depuis deux jours. Quatre guides de haute montagne ont décidé de faire revivre le temps des explorateurs en pratiquant l'ascension de la Dent- Blanche avec le matériel et l'habillement de la fin du 19e siècle.
Récit de voyage
Jörn Alder, Pierre Métrailler, Cyrille Berthod et Frédéric Pralong, tous guides de haute montagne, sont partis hier de Sion. C'est à dos de mulet que les quatre alpinistes ont traversé le val d'Hérens. "Nous avons bivouaqué le premier soir autour du feu, attendant avec impatience le moment du départ.", raconte Jörn Alder, membre de l'expédition. Des sentiments partagés ont traversé les grimpeurs lors de la soirée, avant d'entreprendre cette belle audace: "Il y avait un peu de peur mais surtout de l'impatience. Nous trouvions que c'était une bonne façon de fêter cet anniversaire en rendant hommage aux alpinistes de 1862, mais aussi à nos contemporains.", résume Jörn Alder.
Après cette première étape, les alpinistes sont arrivés au contrefort de la montagne tant convoitée: la Dent-Blanche, pyramide de gneiss qui couronne le val d'Hérens.
Enfin, les choses sérieuses ont débuté: piolets, pelles et souliers de marche: direction le sommet."Deux d'entre nous ont joué le rôle des touristes anglais qui faisaient l'ascension et deux autres étaient habillés en costume de guide traditionnel", témoigne Jörn Alder.
L'équipement d'époque
L'arête sud de la Dent-Blanche se rappelle peut-être encore de cette allure: pantalon trois-quarts, cordes en chanvre attachées à la taille, besaces en bandoulière et bien sûr, l'obligatoire chapeau d'aventurier. "Nous avons tenté de coller au plus près à l'équipement d'il y a 150 ans" , explique Frédéric Pralong, membre de l'expédition.
Au final le matériel était plus encombrant qu'utile, lourd et inconfortable. Les guides n'ont cependant pas joué leur vie à quitte ou double comme les membres de l'expédition de 1862. Les crampons ont été emportés pour ne pas rendre la montée trop dangereuse à certains endroits. En outre, une corde d'escalade moderne avait été emportée en cas de mauvaises conditions. "Nous sommes tous guides de montagne", rappelle Jörn Alder. "Nous sommes conscients de ce que l'on peut faire ou ne pas faire."
Très vite, le froid et l'obscurité ont testé la vaillance de ces messieurs qui sont partis à 2 heures du matin sans autre éclairage que la lune et avec des vêtements pour le moins légers. "Le vent était terrible sur l'arête, il nous a cisaillés durant presque toute la montée."
La Dent-Blanche comme en 1862
Dent-Blanche 1862 - Photo : Sylvain Granges
Aventure de gentlemen
Les guides ont atteint le sommet à 9 h 30. Ils ont passé quelque quarante-cinq minutes sur le pic et fumé un cigare, comme il se doit pour un Lord anglais digne de ce nom.
Ces exploits ne sont pas sans rappeler certains récits de Jules Vernes qui faisait parcourir le monde à des Britanniques en quête d'aventure. La majorité de nos sommets ont été déflorés par des gentlemen saxons fortunés qui grimpaient les arêtes les plus abruptes en veston, avec un matériel qui, aujourd'hui, fait sourire, par goût de l'exploit, par ennui, ou alors, faisons confiance à la légende, pour honorer un pari. "Il y a également l'orgueil et la fierté de donner son nom à une voie sur la montagne", ajoutent en choeur les alpinistes.
Finalement, après leur retour, les quatre guides ont dignement fêté l'anniversaire de cette victoire sur la Dame d'Hérens et gardent pour eux la chose la plus importante: le panache.
Source : Le Nouvelliste /  RAPHAEL BORNET

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